Quels lois pour réduire les violences dans la prostitution ?
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Atelier organisé et animé par Malika Amaouche, groupe prostitution.

Intervention de Sarah Trichet-Allaire, pour la commission féminisme

C’est en 1999 que Les Verts ont voté leur position sur la prostitution, et cette motion – je l’ai relu avant de venir ici – est malheureusement toujours d’actualité, la situation n’ayant pas vraiment évolué dans ce domaine (ou alors a empiré) : en étant clairement abolitionniste, nous nous attaquons au système prostitutionnel, mais pas aux personnes prostituées. Dans cette relation prostitué-e/proxénète/clients prostitueurs, nous devons agir sur chacun de ces axes, mais évidemment pas de la même manière.

Les proxénètes – je parle des vrais méchants, ceux qui pratiquent le trafic d’être humain, et non la personne qui va louer un appartement à un, une ou des prostitué-es – les proxénètes, donc, sont des criminels qu’il faut poursuivre sans complaisance. Quand on voit le laxisme des tribunaux et le peu d’« enthousiasme » pour démanteler les réseaux, on constate l’ampleur du travail encore à faire !

Les clients, que je préfère appeler prostitueurs, ne peuvent être perpétuellement en dehors des débats comme s’ils n’étaient responsables de rien. Ils sont en plein dedans, en ce moment : faut-il les pénaliser ou pas ? Pour nous, depuis 10 ans, notre position est claire : les clients sont les premiers facteurs de la prostitution, et en tant que tel, il est indispensable de les mettre en cause par un gros travail d’éducation, de les responsabiliser sans que les conséquences retombent sur les prostituées.

Les prostituées, enfin. À 90-95% issus de trafic humain, violées, violentées. Et à qui il ne reste souvent que peu de choix. Il est temps de leur donner des droits comme à chaque personne de la société écologique que nous voulons : droit à un revenu décent garanti, droit à la formation, droit à la santé. Le combat contre le système prostitutionnel, nous ne pouvons le mener qu’avec leur soutien.

Modèle de société pour réduire les violences

  • Principe universel : corps humain est inaliénable
  • Dans le système prostitutionnel, les femmes sont toutes prostituables et les hommes sont tous des clients potentiels
  • prostitution existe car société patriarcale avec une supériorité masculine indépassable.
  • La position pro-sexe n’est pas tenable dans le long terme comme modèle de société, car prostitution n’existerait pas dans une société égalitaire.
  • Commerce d’être humains : tout n’est pas une marchandise. Ne peut se situer dans une économie de marché, car la relation est asymétrique

La prostitution, un mal nécessaire ?

  • Utiliser la prostitution pour protéger le reste de la société des pulsions irrépressibles de certains hommes ? Quelle genre de société sacrifie une partie de sa population ?
  • Prostitution favorise les viols car banalise la mise à disposition du corps féminin pour le désir masculin
  • « misère sexuelle » : gérer ses frustrations autrement
  • La Hollande et assistance sexuelle : existe pour les hommes et pas pour les femmes

Mariage et prostitution

  • assimilation de la prostitution et du mariage (Gail Pheterson) : oui dans une société profondément patriarcale. En France, la situation a évolué : les femmes mariées peuvent travailler, le devoir conjugal n’existe plus, les femmes sont autonomes financièrement. L’union est possible hors mariage, et le fondement du mariage n’est pas la subvention matérielle.

La prostitution comme travail pour réduire les violences ?

  • Distinction travail du sexe et prostitution car pas d’intermédiaire dans la prostitution, au contraire par exemple des acteurs et actrices pornos.
  • Louer la force de travail ≠ Louer le corps
  • « plus vieux métiers des femmes ? Plus vieux privilèges des hommes » (Claudine Legardinier et Saïd Bouamama)
  • Diplôme ? Critère de recrutement ? Qui recrute ? Quel rôle de Pôle Emploi ? Convention collective ? Fonction publique ?
  • Au lieu de réduire les violences, faire de la prostitution un travail apporterait les violences de la prostitution à plus de personnes, et affirmerait qu’il est possible d’acheter le corps des femmes et des hommes pour assouvir les désirs des hommes.

Choix de la prostitution

  • Subversivité de la revendication sexuelle ? Avant les prostituées étaient les seules à afficher publiquement leur sexualité. Aujourd’hui, la sexualité est présente partout, affichée partout.
  • Choix de la prostitution : celles qui « choisissent » cette voie sont justement celles qui ont le moins de choix. Dans une société où la précarité domine, de quel choix parlons-nous ? (p.83)
  • Geneviève Fraisse : la question politique n’est pas l’accumulation des libres choix. Le consentement des opprimés n’est pas un argument politique.

Plaisir dans la prostitution

  • mensonge du plaisir : d’après les prostitueurs mêmes, il n’y a pas de plaisir. C’est une affaire de domination, de pouvoir, et non de sexe.

Comment interdire le harcèlement sexuel s’il est possible de s’offrir une prostituée ? En ne condamnant pas les prostitueurs, on affirme qu’il est possible de dominer certaines femmes, en jouant sur la division des femmes : les prostituées et les femmes biens.

libération sexuelle → libéralisme des corps

L’amour libre, et pas des relations tarifées.

En conclusion, et puisqu’il faut parler des lois pour réduire les violences dans la prostitution, il faut rappeler que la prostitution même est une violence, et c’est une société sans prostitution que nous devons imaginer. Nos actions doivent donc aller dans deux sens : abolir le système prostitutionnel et soutenir et protéger les personnes prostituées.

La plus grande mesure possible est l’éducation à la sexualité. Une sexualité non sexiste fondée sur le respect mutuel et l’égalité femmes/hommes. Cette éducation doit se faire dès l’école, mais aussi dans le cadre de campagne de sensibilisation :

Oui, la personnes prostituée subit une violence, et non, elle n’a pas de plaisir.

Non, les hommes n’ont pas de plaisir à acheter un acte sexuel. Le plaisir vient de la domination.

Non, les hommes n’ont pas plus de pulsions irrépressibles que les femmes. Celles-ci apprennent simplement à gérer leur frustrations autrement.

Oui, il est possible de sortir du système prostitutionnel.

C’est en 1999 que Les Verts ont voté leur position sur la prostitution, et cette motion – je l’ai relu avant de venir ici – est malheureusement toujours d’actualité, la situation n’ayant pas vraiment évolué dans ce domaine (ou alors a empiré) : en étant clairement abolitionniste, nous nous attaquons au système prostitutionnel, mais pas aux personnes prostituées. Dans cette relation prostitué-e/proxénète/clients prostitueurs, nous devons agir sur chacun de ces axes, mais évidemment pas de la même manière.

Les proxénètes – je parle des vrais méchants, ceux qui pratiquent le trafic d’être humain, et non la personne qui va louer un appartement à un, une ou des prostitué-es – les proxénètes, donc, sont des criminels qu’il faut poursuivre sans complaisance. Quand on voit le laxisme des tribunaux et le peu d’« enthousiasme » pour démanteler les réseaux, on constate l’ampleur du travail encore à faire !

Les clients, que je préfère appeler prostitueurs, ne peuvent être perpétuellement en dehors des débats comme s’ils n’étaient responsables de rien. Ils sont en plein dedans, en ce moment : faut-il les pénaliser ou pas ? Pour nous, depuis 10 ans, notre position est claire : les clients sont les premiers facteurs de la prostitution, et en tant que tel, il est indispensable de les mettre en cause par un gros travail d’éducation, de les responsabiliser sans que les conséquences retombent sur les prostituées.

Les prostituées, enfin. À 90-95% issus de trafic humain, violées, violentées. Et à qui il ne reste souvent que peu de choix. Il est temps de leur donner des droits comme à chaque personne de la société écologique que nous voulons : droit à un revenu décent garanti, droit à la formation, droit à la santé. Le combat contre le système prostitutionnel, nous ne pouvons le mener qu’avec leur soutien.

Modèle de société pour réduire les violences

Principe universel : corps humain est inaliénable

Dans le système prostitutionnel, les femmes sont toutes prostituables et les hommes sont tous des clients potentiels

prostitution existe car société patriarcale avec une supériorité masculine indépassable.

La position pro-sexe n’est pas tenable dans le long terme comme modèle de société, car prostitution n’existerait pas dans une société égalitaire.

Commerce d’être humains : tout n’est pas une marchandise. Ne peut se situer dans une économie de marché, car la relation est asymétrique

La prostitution, un mal nécessaire ?

Utiliser la prostitution pour protéger le reste de la société des pulsions irrépressibles de certains hommes ? Quelle genre de société sacrifie une partie de sa population ?

Prostitution favorise les viols car banalise la mise à disposition du corps féminin pour le désir masculin

« misère sexuelle » : gérer ses frustrations autrement

La Hollande et assistance sexuelle : existe pour les hommes et pas pour les femmes

Mariage et prostitution

assimilation de la prostitution et du mariage (Gail Pheterson) : oui dans une société profondément patriarcale. En France, la situation a évolué : les femmes mariées peuvent travailler, le devoir conjugal n’existe plus, les femmes sont autonomes financièrement. L’union est possible hors mariage, et le fondement du mariage n’est pas la subvention matérielle.

La prostitution comme travail pour réduire les violences ?

Distinction travail du sexe et prostitution car pas d’intermédiaire dans la prostitution, au contraire par exemple des acteurs et actrices pornos.

Louer la force de travail ≠ Louer le corps

« plus vieux métiers des femmes ? Plus vieux privilèges des hommes » (Claudine Legardinier et Saïd Bouamama)

Diplôme ? Critère de recrutement ? Qui recrute ? Quel rôle de Pôle Emploi ? Convention collective ? Fonction publique ?

Au lieu de réduire les violences, faire de la prostitution un travail apporterait les violences de la prostitution à plus de personnes, et affirmerait qu’il est possible d’acheter le corps des femmes et des hommes pour assouvir les désirs des hommes.

Choix de la prostitution

Subversivité de la revendication sexuelle ? Avant les prostituées étaient les seules à afficher publiquement leur sexualité. Aujourd’hui, la sexualité est présente partout, affichée partout.

Choix de la prostitution : celles qui « choisissent » cette voie sont justement celles qui ont le moins de choix. Dans une société où la précarité domine, de quel choix parlons-nous ? (p.83)

Geneviève Fraisse : la question politique n’est pas l’accumulation des libres choix. Le consentement des opprimés n’est pas un argument politique.

Plaisir dans la prostitution

mensonge du plaisir : d’après les prostitueurs mêmes, il n’y a pas de plaisir. C’est une affaire de domination, de pouvoir, et non de sexe.

Comment interdire le harcèlement sexuel s’il est possible de s’offrir une prostituée ? En ne condamnant pas les prostitueurs, on affirme qu’il est possible de dominer certaines femmes, en jouant sur la division des femmes : les prostituées et les femmes biens.

libération sexuelle → libéralisme des corps

L’amour libre, et pas des relations tarifées.

En conclusion, et puisqu’il faut parler des lois pour réduire les violences dans la prostitution, il faut rappeler que la prostitution même est une violence, et c’est une société sans prostitution que nous devons imaginer. Nos actions doivent donc aller dans deux sens : abolir le système prostitutionnel et soutenir et protéger les personnes prostituées.

La plus grande mesure possible est l’éducation à la sexualité. Une sexualité non sexiste fondée sur le respect mutuel et l’égalité femmes/hommes. Cette éducation doit se faire dès l’école, mais aussi dans le cadre de campagne de sensibilisation :

Oui, la personnes prostituée subit une violence, et non, elle n’a pas de plaisir.

Non, les hommes n’ont pas de plaisir à acheter un acte sexuel. Le plaisir vient de la domination.

Non, les hommes n’ont pas plus de pulsions irrépressibles que les femmes. Celles-ci apprennent simplement à gérer leur frustrations autrement.

Oui, il est possible de sortir du système prostitutionnel.