Egalité salariale : on attend le XXIIe siècle – ou on agit ?
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Depuis 1972, la loi oblige les entreprises à rémunérer de la même manière les femmes et les hommes pour un travail de valeur égale. En 2017, les femmes gagnent encore 25,7% de moins que les hommes tout temps de travail confondu et au rythme actuel  de réduction des écarts, l’égalité salariale ne serait réalisée qu’au début du XXIIe siècle. Il est temps d’agir.
Alors que les femmes sortent plus diplômées du système éducatif, le salaire horaire des femmes en France en 2017 reste encore inférieur de 16 % à celui des hommes.
Les raisons de l’inégalité apparaissent dès la formation : surreprésentées dans les études supérieures, les femmes restent néanmoins minoritaires dans les sciences « dures » et les filières les plus prestigieuses, qui mènent aux métiers les plus rémunérateurs. 
Une fois dans la vie active, les femmes se retrouvent principalement dans un nombre limité de secteurs, avec des postes peu rémunérateurs et/ou peu qualifiés  : l’éducation, la santé et l’action sociale, le commerce, les administrations et les services aux particuliers et aux entreprises. 
Encore contraintes de consacrer davantage de temps aux tâches ménagères et à l’éducation des enfants, les femmes sont plus concernées par l’emploi à temps partiel subi et par les horaires atypiques. Ainsi, 82 % des temps partiels et 66%des travailleurs et travailleuses pauvres sont des femmes.
Selon une étude de l’IFOP parue en octobre 2017, 22 % des femmes interrogées disent avoir été victimes d’une discrimination à l’embauche.37% des femmes rapportent par exemple qu’au cours d’un entretien d’embauche on leur a déjà demandé si elles comptaient bientôt avoir des enfants (12% des hommes).
Même dans les métiers mixtes, plus on monte dans la hiérarchie, plus la part de femmes baisse. La dissymétrie entre le congé maternité et le congé paternité, ainsi que l’insuffisance du service public de la petite enfance, pénalisent la carrière des femmes et hypothèquent leur progression. En cas de licenciement, elles retrouvent moins vite un travail que leurs homologues masculins. Pour toutes ces raisons, les femmes ont plus de chances de vivre une carrière fragmentée, qui aggrave les inégalités en fin de carrière : leur pension de retraite est inférieure en moyenne de près de 700 euros à celle des hommes.
Or davantage de femmes que d’hommes sont à la tête d’une famille monoparentale (6,8% de femmes contre 1,6 % d’hommes en 2011), qui risquent davantage de se retrouver dans une situation financièrement précaire. 
Europe Ecologie demande : 
  • L’extension des politiques de promotion de la mixité des orientations scolaires et des métiers, afin de lutter contre les stéréotypes sexistes, y compris via des manuels scolaires sans stéréotypes. la formation des enseignant-e-s à l’égalité femmes-hommes et à la déconstruction des stéréotypes sexistes.
  • L’application des textes en vigueur sur l’égalité professionnelle , l’alourdissement des sanctions financières des entreprises qui ne la mettent pas en oeuvre, et la publicité de leurs noms.
  • Le retour du rapport de situation comparée, rendu obligatoire en 1983 et supprimé par la loi Rebsamen
  • Le renforcement des moyens de l’inspection du travail pour faire respecter les principes d’égalité professionnelle
  • Le soutien à la revalorisation des salaires et des carrières des secteurs à prédominance féminine
  • La limitation des dérogations aux 24 heures hebdomadaires minimum, pour lutter contre le temps partiel subi et le salariat pauvre
  • un congé paternité obligatoire et un congé parental partagé femmes/hommes et mieux rémunéré, qui permette aux deux parents de s’investir dans le champ familial sans les pénaliser sur le plan professionnel