Violences faites aux femmes : aux partis d’agir
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Les affaires de violences sexuelles se sont multipliées ces derniers mois, grâce à la libération de la parole des femmes, et d’une plus grande écoute de cette parole. Si celles issues des milieux politiques et médiatiques occupent les unes de la presse, la réalité des violences faites aux femmes concerne malheureusement toutes les couches de la société.

Force est de constater que c’est dans les mouvements progressistes que ces affaires ont le plus souvent éclaté. Ce qui ne constitue en rien une surprise : écologistes, personnes de gauche, sont particulièrement acculturées aux valeurs du féminisme et de l’égalité. C’est parce que la parole des femmes y est généralement acceptée que c’est aussi dans ces réseaux qu’elles peuvent, plus qu’ailleurs, parler mais aussi et surtout être entendues.

Si l’affaire Baupin a été assumée par les écologistes et les victimes soutenues, quand d’autres affaires ont été étouffées et des victimes déconsidérées par leur organisation, c’est parce que Europe Ecologie Les Verts, malgré ses manquements et ses lacunes, est un parti profondément féministe. Face à l’inacceptable, les écologistes ont choisi d’assumer collectivement et donc de se doter d’outils pour que chaque victime puisse parler sans crainte. Grâce à la force des 4 plaignantes, au travail de Sandrine Rousseau lorsqu’elle était à la direction du parti et de Charlotte Soulary responsable de la commission féminisme, les écologistes ont mis en place un dispositif d’accueil de la parole des femmes. Créée pour les militant-es EELV, il respecte l’anonymat et permet une prise en charge par des associations, et donc des personnes, extérieures.

Ce dispositif est d’une grande simplicité, n’impose pas de coûts excessifs aux structures qui le mettent en place et sa souplesse permet son déploiement dans n’importe quel type d’organisation.

Face à la recrudescence des affaires rendues publiques et à l’explosion des témoignages de femmes anonymes, Europe Ecologie Les Verts lance une adresse à Marlène Schiappa et au gouvernement. Il est du devoir du gouvernement de s’inspirer de cette expérience et des recommandations des associations de lutte contre les violences faites aux femmes afin de mettre en place des structures similaires dans toutes les sphères de la vie politique, publique et économique.

En 2018, il est impensable que la parole des femmes soit encore si difficilement entendue. Plutôt que de réserver une standing ovation à l’un de ses ministres mis en cause, EELV propose au gouvernement et à l’Assemblée d’adapter et transposer en obligation légale son dispositif et de l’imposer dans toutes les entreprises, administrations, associations, partis en France. Pour les petites structures, le système pourrait également être mutualisé afin que ni les responsables de ces structures, ni les potentielles victimes qui y travaillent, ne soient lésées.

Ce plan doit évidemment être accompagné des moyens nécessaires pour que les associations, notamment, puissent faire face à l’accroissement des témoignages. Les sommes actuellement envisagées traduisent le caractère cosmétique de la qualification de “grande cause nationale” pour la lutte contre les violences faites aux femmes.

Face à un problème de société dont personne aujourd’hui ne peut nier l’ampleur, face à un nécessaire changement global de regard sur ces violences, il est temps de doter les Françaises d’outils et de recours pour pour que les inégalités sociales ne soient plus le lit de violences quotidiennes passées sous silence. Cela fait des décennies que les femmes rappellent que la honte doit changer de camp : il est temps de leur donner les moyens de le réaliser en actes. La démocratie ne s’en portera que mieux.

Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux